9 novembre 2011

Deux commissions pour sortir la vérité du puits

Haïti: Le Premier ministre Garry Conille a diligenté, mardi, la commission d'enquête indépendante recommandée par le président Michel Martelly pour éclaircir les zones d'ombre entourant la brève incarcération du député Arnel Bélizaire. La commission composée de deux juristes René Julien et Kedlaire Augustin et d'un ex-sénateur, Amos André, ont jusqu'au 11 novembre 2011 pour soumettre un rapport au chef du gouvernement.


« Les conclusions du rapport seront partagées avec l'Assemblée des sénateurs avant la séance d'interpellation prévue pour le 15 novembre 2011 », a indiqué Israël Jacky Cantave, directeur de communication du bureau du Premier ministre. Les parlementaires, a précisé M. Cantave, ne sont pas liés au rapport de la commission indépendante.

Le Premier ministre Garry Conille, qui a rendu visite au député Bélizaire le soir même de sa brève incarcération au pénitencier national, est aussi concerné par l'enquête des trois membres choisis sur une liste de neuf noms proposés au chef du gouvernement. « La commission est totalement indépendante, même si elle aura à interroger le Premier ministre, a rassuré Israël Jacky Cantave. Les membres de la commission connaissent les procédures judiciaires. » 

Arnel Bélizaire, témoin clé 

La commission d'enquête spéciale créée sur fond de profonds malaises au Sénat, parallèlement, a défini, mardi, sa méthodologie de travail. « Une vingtaine de personnes classées dans trois catégories distinctes sont concernées par les interrogatoires », a fait savoir le sénateur Jeanty, président de la commission. Nous nous rendrons, poursuit-il, au pénitencier national où le député Bélizaire a été détenu et à l'aéroport international Toussaint Louverture, lieu de son arrestation.

Le député Arnel Bélizaire - considéré comme un évadé de prison par le chef a.i. du parquet de Port-au-Prince, Félix Léger -, le président du Sénat Roudolphe Joazile, celui de la Chambre des députés, Sorel Jacinthe, et le sénateur Jocelerme Privert sont les premiers témoins qui seront interrogés par la commission de cinq membres. « Ils seront entendus, ce mercredi, par la commission pour identifier les responsables impliqués dans l'arrestation du député Bélizaire », a révélé le sénateur Jeanty.

Le ministre de l'Intérieur, Thierry Mayard-Paul, celui de la Justice, Josué Pierre-Louis, et le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Michel Brunache - suspectés dans l'arrestation le 27 octobre dernier du député Arnel Bélizaire - sont particulièrement concernés par les différentes commissions d'enquête existantes. L'autorité de ces officiels est même contestée par la Chambre des députés.

La commission sénatoriale a été constituée à l'issue d'une longue séance assortie d'interrogatoire des membres du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), moins le garde des Sceaux qui aurait ordonné le transfert d'Arnel Bélizaire au plus grand centre de détention du pays. La commission composée des sénateurs François Anick Joseph (Alternative), John Joël Joseph (INITE), Andris Riché (Alternative), Jean William Jeanty (ex-Konba) et de Dieuseul Simon Deras (Lavni) devra présenter son rapport à l'Assemblée à la reprise, le 15 novembre, de la séance d'interpellation suspendue. Le sénateur Deras, en voyage à l'étranger, n'a pas participé à la première séance de travail. Il retrouvera ses collègues dans trois jours.

Une deuxième commission composée des sénateurs Steven Benoît, Jocelerme Privert et Wencesclass Lambert a également été créée par l'Assemblée, au grand dam de quatre des leurs. Cette structure a pour principale mission la révision de l'exposé des motifs de l'interpellation du ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Josué Pierre-Louis, et du secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Michel Brunache. Le président du Sénat, qui parlait au téléphone avec un mystérieux interlocuteur, a lui-même pris le soin de désigner les membres de la commission après un huis-clos qu'il avait sollicité.

La création de ces commissions divise davantage le Parlement et l'ancienne plateforme présidentielle INITE. L'air amer, le député Levaillant Louis-Jeune n'a pas pu cacher son indignation face à l'hésitation des sénateurs pour trancher dans l'affaire Bélizaire en conflit ouvert avec le président de la République avant son arrestation. Plus tranchant que son collègue, le député de Croix-des-Bouquets/Thomaseau, Jean Tholbert Alexis, récuse toute commission extérieure à celle qu'aura à créer la Chambre basse en janvier prochain.
 
 
Claude Gilles

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