17 juillet 2011

Le tambourineur Azor est mort samedi après une prestation à la fête de Mont-Carmel


Haïti - Culture : Azor n'est plus...
Hier soir, Lénord Fortuné « Azor », chanteur et tambourineur du groupe Racine Mapou de Azor a rendu l'âme à l’hôpital Bernard Mevs après avoir effectué un spectacle dans le cadre des festivités de la fête de Mont Carmel.

« J'ai le tambour dans l'âme et la musique dans les entrailles » dixit Azor.

Le groupe « Racine Mapou de Azor » était dirigé par Lénord Fortuné « Azor », chanteur et tambourineur qui a appartenu à de nombreuses formations de konpa (dont SS One et Scorpio) ou de folklore (troupe Bakoulou), avant de faire partie du groupe « Racine Kanga de Wawa ». Dans les années 90, porté par le mouvement racine, ce groupe, mené par Jacques Maurice Fortéré, « Wawa » a entrepris de jouer la musique vodou en concert : avec lui, il est passée directement du hounfort (temple vodou) à la scène. 

Le succès rencontré par le groupe « Racine Mapou de Azor » signifie la normalisation du vodou, à travers sa musique, sa reconnaissance en tant que culture, et l’acceptation de la part africaine et paysanne de l’identité haïtienne.

Dans cette optique, les membres du groupe, qui reconnaissent tous être des vodouisants pratiquants, s’inscrivent explicitement dans la tradition et l’univers symbolique vodou, auquel le nom du groupe fait référence. Ils aspirent à maintenir le contact avec les racines de la tradition et du sacré, à l’image du mapou, arbre sacré du vodou aux racines imposantes, réputé héberger des esprits.

Musicalement, avec chants et percussions, tambours basses et congas, le groupe « Racine Mapou de Azor » interprète la musique traditionnelle ou racine pure, c’est-à-dire sans arrangements modernes ni instruments électriques. Marquée par le battement inlassable des tambours d’inspiration petro, à peine soutenus par une boîte à rythme, la voix puissante d’Azor, au timbre caractéristique des prêtres-vodou, secondée par un chœur de femmes, célèbre les loas vodou, chante l’attachement aux racines ou commente les épisodes de la vie politique et autres querelles artistiques...

Après plusieurs tournées à l'étranger (dont neuf voyages au Japon) et un film documentaire (Haïti, cœur battant de Carl Lafontant), le groupe « Racine Mapou de Azor » a réussit le pari de conserver l'authenticité de la musique traditionnelle, tout en recourant aux moyens modernes de diffusion, qui permettent de l’inscrire sur la scène musicale professionnelle d’Haïti, et de rivaliser avec les musiques qui occupent d’ordinaire l’actualité.

Aujourd'hui Haïti a perdu un grand artiste.

HL/ HaïtiLibre 

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