L’affaire Bélizaire continue de faire couler encre et salive. Le Sénat de la République qui devait statuer sur le sort du ministre de la Justice et du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères interpellés dans le cadre de l’arrestation du député de Delmas/Tabarre continue de jouer au chat et à la souris. Coup de théâtre. Procrastination en série. Protection des intérêts mesquins. Les pères conscrits semblent vouloir jouer la carte de l’amitié et de la survie politique à quelques mois du renouvellement d’un tiers du Sénat.
20 heures de débat n’auront pas été suffisantes aux sénateurs pour savoir quelle procédure adopter dans ce qu’on appelle désormais « l’affaire Bélizaire ». Apres des débats houleux au cours d’une séance interminable, le grand corps arriva seulement à former deux commissions devant statuer sur l’incident du 27 octobre à l’aéroport Toussaint Louverture pour trouver les vrais coupables en vue de fixer les responsabilités. Voila tout le hic. Le Parlement est souillé. L’affront est peut-être irréparable. Mais, les sénateurs paraissent être pris à leur propre piège. Un véritable engrenage.
Certaines voix au niveau du grand corps paraissent impuissantes. Des arguties se sont vainement affrontées au cours d’une longue séance encore interminable. Du vrai théâtre. Mais de vrais faux acteurs. Un véritable bourbier politique dont la porte de sortie semble être encore loin des acteurs. La vérité recherchée sera-t-elle trouvée ? En tout cas, les institutions continuent d’être affaiblies et la République va mal.
A la recherche de la vérité…
Ils voudraient bien décider. Les sénateurs dans leur démarche voudraient connaître la vérité sur l’affront qu’ils disent avoir subi au cours d’une journée cauchemardesque du 27 octobre pour le Parlement. Mais la séance d’information du samedi 5 novembre avec certains membres du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) ne semble en rien apporter une lumière sur le dossier de l’arrestation. Comme le président de la République, les membres du CSPN se sont également lavés les mains.
Personne ne semble être responsable de ce qui constitue un véritable accroc à la constitution par tous les secteurs de la vie nationale. Ce n’est pas moi qui suis responsable, rétorquent le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Justice et le numéro un de la police nationale. Le syndrome de la Pintade chez l’haïtien même au plus haut niveau de l’Etat.
Au cours de cette incessante séance, les membres du CSPN ont préféré faire la langue de bois en tentant de répondre aux questions des sénateurs. Encore du surplace dans cette quête de vérité dans le cadre de ce dossier. L’on se demande si nos dirigeants sont à la hauteur de leur tâche en se déresponsabilisant ainsi dans le cadre d’une première crise depuis la rentrée en fonction du gouvernement de Conille.
Pierre-Louis, la pomme de discorde
Le ministre de la Justice semble être un vieux pieu pour les sénateurs. Il est difficile de décider à l’encontre de Josué Pierre-Louis. Il est de souche lavalassienne. Ancien haut fonctionnaire sous le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide. Il a des amis dans le secteur. Et le sénat est composé d’une majorité d’anciens hommes forts du parti de l’ex-président Aristide. Transfuge au camp Rose et Blanc depuis le second tour des présidentielles, M. Pierre-Louis garde encore ses liens lavalassiens. Cependant, ce statut fait-il de lui un intouchable ?
Le garde des sceaux est au cœur de ce scandale, reconnaît publiquement le commandant en chef de la police nationale Mario Andrésol. En sa qualité de ministre de la Justice, il devrait être au courant de tout ce qui se fait dans le domaine de la Justice. Pourtant, il s’était lavé les mains dans le cadre de ce dossier, moins de 24 heures après l’arrestation du député Arnel Bélizaire. Il clame haut et fort son innocence. La conservation de son portefeuille est tellement importante.
Les gymnastiques sont bien comprises. Il n’est pas facile d’éjecter le ministre de la Justice. Un groupe de sénateurs proche du ministre serait contre son éviction et fait activement du lobbying pour l’aider à garder son poste. Ces sénateurs pour la plupart très influents seraient à la base de cette procrastination. Cet atermoiement semble être bien en faveur du ministre interpellé.
A la faveur de tous ces évènements, à quoi peut-on s’attendre ? Les sénateurs François Anick Joseph, Dieuseul Desra Simon, Andris Riché forment une première commission en vue de trouver les responsables de cet acte. Une autre commission a été également formée pour travailler sur les motifs d’interpellation composée des sénateurs Steven Benoit, Jocelerme Privert et Wencesclas Lambert.
Beaucoup de dilatoire ! La présidence tire les ficelles et joue la carte de l’irresponsabilité. Les pères conscrits hésitent et tardent à décider. On doit s’attendre à la poursuite de la séance pour savoir de quoi demain sera fait. Malgré tout, Josué Pierre-Louis est encore sur une chaise éjectable. Le jeu institutionnel et démocratique est mal pris. La dérive institutionnelle continue. Le clivage se renforce entre les pouvoirs et l’ère du changement se fait encore attendre.
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