P-au-P., 23 juin 2011 [AlterPresse] ---
Le président Michel Martelly, appelle les parlementaires à « être
conscients que le pays ne peut plus attendre et que les gens sont
fatigués », au lendemain du rejet par la chambre des députés du choix de
l’entrepreneur Daniel Rouzier comme premier ministre.
Dans un discours préenregistré, diffusé dans la soirée du 22 juin,
Martelly demande au parlement de faire de son mieux pour résoudre les
problèmes du peuple haïtien, car « Haiti doit passer avant les intérêts
personnels ».
Il exprime sa déception et estime que le rejet de Rouzier « ralentit
toutes les possibilités de matérialiser » ses promesses électorales.
Martelly se dit prêt à recommencer le processus en consultation avec
les présidents du sénat et de la chambre des députés, mais affirme qu’il
ignore le temps que prendra le parlement avant de ratifier le premier
ministre qu’il choisira.
Cependant, indique-t-il, cette situation ne l’empêchera pas d’adopter
certaines décisions relatives aux grands problèmes qui affectent Haïti,
dont celui de l’épidémie de choléra et celui des centaines de milliers
de déplacés qui vivent encore sous des tentes.
Il dit avoir en ce sens convoqué le premier ministre sortant, Jean
Max Bellerive, afin d’évaluer les ressources disponibles pour faire
fonctionner l’administration publique et apporter des solutions aux
problèmes de la population.
« Il est grand temps que ma vision et mon programme soient appliqués (…) et que le pays soit débloqué », martèle-t-il.
Quelques heures avant l’allocution de Martelly, des secteurs
politiques minoritaires au parlement ont invité le chef de l’État Ã
accélérer le processus de nomination d’un nouveau premier ministre et Ã
travailler dans le même temps à dégager une majorité parlementaire
capable de soutenir son choix.
L’ex maire Evans Paul, dirigeant de l’Alternative (principale force
d’opposition à l’ancienne administration de René Préval), estime que le
rejet de Rouzier est « la conséquence d’un manque de dialogue politique
et d’une méconnaissance du système démocratique par monsieur
Martelly ».
« Martelly et Rouzier devaient faire de leur mieux pour convaincre les députés », déclare-t-il à AlterPresse.
L’ex sénateur Edgar Leblanc, également membre du directoire de
l’Alternative rappelle, dans des déclarations à AlterPresse, qu’« un
premier ministre est toujours issu de la majorité ».
Martelly a certes remporté l’élection présidentielle, mais son parti
ne dispose que de trois députés à la chambre basse, dominé par les
forces de l’Inité, formation dirigée par René Préval.
Leblanc souligne que dès le début, la stratégie de Martelly a été de
faire un « appel direct au peuple » afin d’exercer des « pressions » sur
les parlementaires, alors que c’est à l’exécutif de « construire une
majorité parlementaire » pour assurer la ratification du premier
ministre et se donner les capacités de gouverner.
L’Alternative n’écarte pas des négociations avec Martelly pour
participer à la construction de cette majorité. « Nous sommes ouverts et
prêts à discuter » afin d’établir « un pacte politique », déclare
Leblanc.
D’autres secteurs de la société haïtienne, consultés par AlterPresse,
estiment également qu’il faut faire vite. Selon la Plateforme des
Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (Pohdh), « la
présidence ne doit pas tarder à désigner un nouveau premier ministre »,
car « il y a urgence de doter le pays d’un gouvernement qui puisse
répondre aux besoins sociaux de la population notamment dans le domaine
de la sante et de l’éducation ».
Plus d’un mois s’est déjà écoulé depuis qu’un nouveau
gouvernement est attendu, suite à la prise de fonction du président
Martelly le 14 mai.
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