16 novembre 2011

Martelly prône le dialogue et l'union des trois pouvoirs

cliquez pour agrandirL'affaire Bélizaire a plongé l'exécutif et le Parlement dans une spirale de colères, sans fin, poussant même les présidents des deux Chambres à décliner l'offre d'accompagner le chef de l'État, Michel Martelly, à Cuba. Président du Grand Corps, Rodolphe Joazile lorgnerait plutôt à déposer devant la commission d'enquête spéciale que de traverser la mer des Caraïbes jusqu'à la Havane, la capitale cubaine qui accueille une délégation conduite par Michel Martelly.

Témoin de l'arrestation du député Arnel Bélizaire au pied de l'avion qui ramenait l'ex-détenu de la France, Rodolphe Joazile a mis un bémol en conduisant le chef de l'État jusqu'à l'aéroport international Toussaint Louverture. Le président du Grand Corps préfère rester dans le pays, afin de se mettre à la disposition de la commission sénatoriale enquêtant sur l'affaire Bélizaire. « Je sacrifie le voyage avec le président pour répondre aux questions de la commission », a expliqué Rodolphe Joazile, qui a assisté au point de presse de Martelly avant de s'envoler vers l'île castriste. La commission avait obtenu, la veille, du bureau du Sénat, un report de la séance d'interpellation du ministre de la Justice, Josué Pierre-Louis, et du secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Michel Brunache. La commission, présidée par le sénateur Jean William Jeanty, a ainsi obtenu une rallonge d'une semaine pour présenter son rapport à l'Assemblée.

Un tantinet remonté depuis la brève incarcération du député de Delmas/Tabarre, le président de la Chambre des députés, Saurel Jacinthe, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour décliner l'invitation de Martelly en conflit ouvert avec Bélizaire. Saurel Jacinthe a estimé qu'« il trahirait ses collègues et ternirait l'image du Parlement en voyageant avec le chef de l'État sans que des sanctions n'aient été prises contre les responsables de l'arrestation illégale d'un député ». 



« Le président de la République demandera-t-il aux coupables de démissionner, ou attend-il qu'ils soient renvoyés par le Parlement ? », s'interroge le président de la Chambre basse. Remettant en question la notion des trois pouvoirs (exécutif, judiciaire et législatif) depuis l'arrestation d'un député jouissant de l'immunité, Saurel Jacinthe a défendu les acquis démocratiques obtenus après la chute de la dynastie des Duvalier, en février 1986.

Considérant l'arrestation du député Bélizaire comme « une erreur », le président Martelly s'en remet aux trois pouvoirs (judiciaire, législatif et exécutif) pour tenter de mettre un terme à la crise. Cette arrestation, dit-il, est révélatrice du dysfonctionnement des appareils de l'État. Lors de son point de presse tenu depuis l'aéroport avant de s'envoler vers la Havane, Michel Martelly a concédé qu'il y a eu un différend entre lui et le député Arnel Bélizaire. Il a cependant dénoncé « des mains manipulatrices » qui enveniment la situation. Niant son implication directe dans la crise juridico-politique, le chef de l'État a invité les trois pouvoirs à faire de l'affaire Bélizaire une opportunité pour s'unir dans l'intérêt de la nation.

« Notre mission n'est pas de créer la division, mais le développement », a tempéré Martelly, faisant un clin d'oeil sur les travaux en cours à l'aéroport du Cap-Haïtien, qui sera ouvert au trafic international d'ici février 2013. Le Parlement, sous la présidence de René Préval, avait approuvé un accord entre le Venezuela et Haïti pour l'agrandissement de l'aéroport de la deuxième ville du pays.

Un avion transportant 19 membres de la délégation gouvernementale a fait un atterrissage d'urgence, dans la matinée, à Cuba a informé Michel Martelly, voyageant un peu plus tard. L'avion, a-t-il précisé, a atterri en toute sécurité et il n'y avait pas de blessés.

Avaient fait le déplacement avec le président : Laurent Lamothe (ministre Affaires étrangères), Réginald Paul (ministre de l'Éducation nationale), Hébert Docteur ( ministre de l'Agriculture), Hervé Day (ministre de la Planification) et Ronald Toussaint (ministre de l'Environnement). Les deux présidents des commissions des Affaires étrangères du Parlement, le sénateur Wenceslas Lambert et le député Alcès Toussaint, accompagnent aussi la délégation officielle à Cuba, dont le but est de renforcer les relations entre les deux grandes Antilles.

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